Une nouvelle compétition
L'engouement sans cesse croissant du football-rugby parmi la majorité
des sportifs est le déclic pour l'organisation d'une nouvelle compétition
de plus grande envergure. Le 5 mars 1892, le projet d'un défi pour
un championnat interclubs est lancé. "Les sociétés
qui voudront y prendre part devront en informer le secrétaire du
comité avant le 8 mars, 5 heures du soir. Il est donné pour
le match une coupe de défi : l'association victorieuse en aura
la garde pendant un an." Tel était le discours tenu par les
responsables de cette nouvelle compétition, où l'on fait
d'ailleurs allusion au futur Bouclier de Brennus.
N'ayant reçu que les seules candidatures du Racing Club de France
et du Stade Français, la date de la finale est avancée au
20 mars. Le succès dépasse tout ce qui s'est vu jusque là.
Pas moins de 2000 personnes s'entassent autour de la pelouse de Bagatelle
où le match est organisé. Le temps est magnifique et l'après-midi
s'annonce sous les meilleurs cieux. Le coup d'envoi est retardé
car les nombreux photographes présents souhaitent tous fixer ce
match dans la légende.
Le match
A 15h, le juge arbitre, qui n'est autre que le Baron de Coubertin lui
même, siffle le coup d'envoi. Après plusieurs péripéties
favorables à l'un et à l'autre équipe, c'est le Racing
qui se montre le plus menaçant. Sienkiewicz rate de peu un essai
dès les premières minutes. Carlos de Candamo et son frère
lancent Wiet sur l'aile, il déborde, mais Venot l'arrête
à 10 mètres de la ligne. La pression est de plus en plus
forte, et la Racing se met logiquement à la faute. Le Stade bénéficie
d'un coup de pied franc le long de la ligne touche, mais Dobree rate le
but. Sur un contre du
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Pelouse de Bagatelle : le Racing évolue en clair, le Stade Français
en sombre.
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Racing, l'arrière Stadiste Venot est pénalisé,
mais à son tour, le Racing manque la pénalité. Le
Stade remet la pression. Une mêlée a lieu près de
la ligne d'en-but adverse. Le ballon sort côté Racing et
franchit la ligne de but. Sienkiewicz veut sauver, mais il manque son
dégagement et L. dedet aplatit avant lui et marque l'essai. Dobree,
en bonne position, transforme. Selon la règle anglaise, l'essai
vaut deux points et le but après cinq points, depuis septembre
1891. Mais d'après la cotation française, qui n'a pas été
mise en jour, le Stade ne se voit accorder que 3 points. La mi-temps est
sifflée peu après cet essai. Le Racing parait découragé.
Dès la reprise, une superbe échappée de Amand qui
s'empare de la balle dans ses 22 mètres et dévale le long
de la touche jusqu'à 20 mètres du but du Racing est finalement
poussé en touche par Duchamps. La partie est très intense,
et commence à s'équilibrer. Le Racing semble retrouver de
la confiance et attaquent grand côté par de Pourtalès
qui échoue dans les 22 mètres Stadistes. Un regroupement
s'opère, tout à coup, sur un coup de pied Pujol, le ballon
franchit la ligne. De Pallissaux s'élance et touche le ballon un
peu avant Venot.
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L'essai est accordé à l'extrémité
droite du terrain. La transformation semble retenir de l'exploit. G. de
Candamo, par un magnifique coup de pied, met les équipes à
égalité 3 à 3.
Une fin de match à suspens
L'agitation est à son comble et le public marque une tendance à
dépasser les piquets de touche. Il reste 10mn au temps réglementaire.
Wiet, mis en touche par Munier et Venot, commet une faute, mêlée.
Le ballon sort, Amand s'en empare, mais oublie de le toucher au sol et
permet à Reichel de bondir sur lui, de le saisir et de faire un
tenu. Le tenu est accordé par l'arbitre, c'est un point pour le
Racing. Le Racing attend maintenant la fin du match et se retranche en
défense. A trop défendre, le Racing se met à la faute
et est pénalisé sur la ligne médiane face aux poteaux.
Le temps réglementaire est écoulé. Dobree tente la
pénalité, son coup de pied est magnifique, mais la distance
est trop importante et le ballon dévie à droite des poteaux.
Le Baron de Coubertin siffle la fin du match, le Racing s'impose par 4
à 3.
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